24 avril 2008

5 questions à Ariane Moffatt


Bien qu'elle en soit à son troisième album, Ariane Moffatt ne s'installe pas confortablement dans un territoire musical qu'elle aurait défriché ces dernières années. La jeune multi-instrumentiste évolue en poursuivant son exploration dans le plus grand respect de sa nature touche-à-tout, ne se gênant certes pas pour accoupler les styles. Ariane a ainsi mis au monde trois petits frères qui ont leur personnalité propre.

Lancé mardi, Tous les sens s'attire déjà les bonnes critiques et semble s'engager sur le chemin du succès tout comme Aquanaute et son atmosphère planante, et Un cœur dans la tête et son introspection plus sérieuse. Mais, on l'aura dit et redit, Tous les sens se veut plus lumineux, empreint de gourmandise et de sensualité, et est le reflet d'une jeune femme qui aime ne pas trop se prendre au sérieux, qui aspire à plus de légèreté sans pour autant tomber dans l'insignifiance.

Celle qui fêtera d'ici peu son 29e anniversaire assure ici, pour une première fois, la coréalisation de son album. Ses collaborateurs, dont Jean-Philippe Cocalves (coréalisateur) et Alex McMahon (arrangement des cordes), tous deux du groupe Plaster, ainsi que l'artiste français Franck Deweare (auteur d'un texte, coauteur d'un autre et créateur d'une chanson) l'auront aidée à tirer le meilleur de ses inspirations.

Entre le mois de vacances qu'elle s'accordera à l'étranger cet été et le séjour français qu'elle prévoit pour 2009, Ariane Moffatt n'aura certes pas de quoi s'ennuyer. Rencontre en simplicité avec la souriante Ariane dans un sympathique café du Mile-End.

Sur ce troisième album, y a-t-il une chanson qui est, pour vous, plus significative que les autres?

La chanson « L'Équilibre », c'est ma préférée. Entre l'aspect « groovy », la légèreté et l'aspect dramatique, je trouve que c'est elle qui est la plus achevée. Mais ça, c'est un coup de cœur personnel. Je ne te dirais pas que la chanson « Tous les sens » est vraiment celle qui représente l'album parce qu'elle est très électro, alors que le reste de l'album est un peu à cheval entre le style sixtees et l'électronique… Mais c'est comme mes enfants, donc c'est dur de dire qu'on aime une chanson plus qu'une autre! Mais j'aime beaucoup « La fille de l'iceberg » et « L'équilibre ». « L'équilibre » ce n'est pas moi qui l'ai écrite, c'est Frank Deweare, et c'était une chanson en anglais au départ, mais « La fille de l'iceberg » c'est moi qui l'ai écrite avec sa collaboration. J'ai donc 50 % là-dedans. L'autre chanson qu'il a composée, c'est « Tes invectives ». C'est pour ça que ça change un peu de ce que je fais, ça amène autre chose et c'est bien!

Vous arrive-t-il de prendre une pause pour vous consacrer uniquement à l'écriture, à la création?

Ça n'a pas adonné jusqu'à maintenant, que je fasse vraiment « Stop! je m'en vais écrire »! Ça m'accompagne. J'enchaîne un album après l'autre, j'écris pendant que je fais ma tournée… Je n'ai pas vraiment de moment où je ne fais que ça. Quand on arrive à la création de l'album, oui évidemment, mais pour la composition, ça m'accompagne dans ma vie. La façon dont je crée une chanson, ça dépend beaucoup. Je suis de plus en plus avec mon « laptop », avec les programmes, et ça peut partir d'un beat musical… Mais en général, c'est souvent un texte qui est le point de départ et après, je me mets sur le piano ou la guitare…

Dès le premier album, on vous a encensée, vous êtes devenue une sorte de référence que l'on considérait « d'avant-garde ». Cela amène-t-il davantage d'angoisse lorsque vous préparez un nouvel album? Une peur de ne pas être à la hauteur des attentes?

Pas pour cet album-là. Je sentais que j'avais fait deux premiers albums qui n'avaient pas été démolis, bien au contraire! Donc après, ça m'a juste donné une meilleure confiance. J'essaie de faire un peu les choses comme je les entends, avec instinct... un petit mélange de plein d'affaires… Je ne refais pas la roue en musique non plus, mais je pense que j'ai une façon personnelle de faire des disques. J'appréhendais plus le deuxième album. Je me demandais si après le premier, je ne me ferais pas démolir, mais ça ne s'est pas produit! Peut-être qu'au troisième, je vais avoir quelques petits coups dans les tibias de la part de gens qui n'acceptent pas que ça continue de bien aller; dans toute carrière, il y a une espèce d'ascension et un moment donné, oups! ça retombe… Je ne suis pas à l'abri de ça. Mais j'ai une démarche qui est authentique, je pense. Si ça arrive, je vivrai avec ça.

Votre grande sœur est également votre gérante. N'y a-t-il pas confusion entre ces deux rôles parfois?

C'est là, on ne peut pas le nier! Mais on a tellement une bonne communication et une bonne relation… Premièrement, c'est la relation de sœurs avant tout. S'il arrivait un bug, on sauverait la relation de sœurs en premier. Ma sœur est super, mais oui, on peut parfois s'obstiner sur des affaires. Des fois, c'est dur de dire « écoute, là-dessus tu es dans le champ », ou « t'aurais pas dû accepter telle chose ». Mais je pense que, même en tant que sœurs, on est bonnes pour ça. Dans la famille, on est capables de manifester son mécontentement et de se dire les vraies affaires. Il y a beaucoup plus d'avantages que d'inconvénients!

Présentement, quelles sont vos ambitions pour votre avenir?

C'est sûr que je vais continuer mon défrichage en France. J'y suis allée, ça s'est bien passé, ce qui est un début, mais je ne peux pas parler d'un succès; des fois, les journalistes d'ici disent « Wow! elle a conquis la France », mais la réalité c'est autre chose. Mais encore là, d'avoir un bon entourage là-bas pour qu'il se passe quelque chose avec ça, c'est un peu ça le but... Mais ce n'est pas à tout prix, ma vie n'en dépend pas! J'espère avoir une belle tournée et je pense que ça s'enligne pour être ça. Pour l'instant, j'espère que les gens vont apprécier le disque.



Propos recueillis par Pascale Gauthier
Photo © Journal de Montréal

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