2 mars 2012

Ariane Moffatt lance MA au Rialto - Party dans le voisinage

C'était un lancement d'album où lancer l'album ne suffisait évidemment pas. C'était un spectacle pas encore tout à fait spectacle, mais très en chemin et, par grands pans, c'en était exaltant, passablement arrivé à destination (il y a une supplémentaire ce soir, c'est dire). C'était Ariane Moffatt dans son Mile-End d'amour, arrivée au beau Rialto à pied, trop proche de son studio plug&play de la rue De Gaspé pour ne pas jouir pas à pas de la proximité.

C'était tout ça à la fois, un happening pour un disque événementiel, une fête à plusieurs pour célébrer la création solo d'une fille de musique auto-suffisante, et la mise au monde officielle de MA. Je l'ai dit samedi en ces pages, je le réitère: un disque majeur. Un disque épique qui fera époque. L'album dont Ariane Moffatt rêvait, son plus irrémédiablement dansant, son plus irrésistiblement accrocheur, son plus résolument électro, son plus stylistiquement cohérent, son plus universellement groovy. C'était son mot-clé hier au Rialto, vieux mot sixties encore tout pétillant: groovy! Groovy et demi, oui!

Impossible d'y aller mollo quand on a cette galette-là qui vous pousse dans le dos et vous dit: let's go! en anglais en et français dans le texte. Fallait se lancer carrément à l'eau, et Ariane, encore et toujours l'aquanaute intrépide des débuts, a plongé. Tout l'album a été joué au Rialto, «Pink Floyd-style», a dit Ariane, c'est-à-dire dans la séquence du disque, avec tous les sons transposés et quelques autres. Pareil pas pareil. On le sentait à la première écoute, il y avait des séquences instrumentales élastiques qui allaient s'étirer à la première occasion, et c'était la première occasion: ce disque parfait pour l'écoute en boucle est aussi fait pour se déployer sur scène.

D'où ces solos à rallonge pour DJ patenté et Ariane lâchée lousse, d'où ces éclairages déjà bigrement synchro à des mois de la vraie première médiatique, d'où cette deuxième partie de chansons des albums précédents, chansons déjà un peu contaminées par le nouveau groove d'Ariane. Pas encore assez, évidemment, miss Moffatt n'avait pas eu le temps de tout réarranger: ça viendra. Perspective incroyable, songez-y: c'était déjà fameusement bon hier, et le meilleur reste pourtant à venir.

Sylvain Cormier - Le Devoir

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