Photo: David Boily, La Presse
Le fruit était mur: Ariane Moffatt l'a cueilli jeudi soir au Bataclan, l'équivalent parisien du défunt Spectrum, où un plus d'un millier de spectateurs, formant une foule compacte, ont pu enfin la voir.
C'était en effet la première grande salle parisienne de la Québécoise, qui s'est patiemment imposée dans le paysage musical français, au point d'incarner, aux yeux de l'influent magazine Télérama, une «symbiose parfaite» entre la tradition française et un univers «très nord-américain».
En tentant sa chance en France, en s'installant six mois à Paris au début de l'année, la trentenaire avait pris le risque, comme elle l'a souvent dit, de quitter sa «zone de confort». Jeudi soir, elle a vu ce «sacrifice» récompensé de manière éloquente au Bataclan, point culminant d'une tournée française d'une vingtaine de dates.
Chez les professionnels et dans la presse de référence, de L'Express au Figaro en passant par le Nouvel observateur, on avait repéré depuis un moment ce petit bout de femme énergique et encensé son album Tous les sens. Mais dans le grand public, son nom restait encore relativement confidentiel.
Au Bataclan, on a bien vu que ce n'était plus le cas. Devant une salle comble, entourée de quatre musiciens impeccables, passant elle-même de la guitare au piano, la jeune femme a donné un concert résolument rock, démontrant du même souffle l'originalité et la profondeur de sa démarche mais aussi sa passion pour la scène.
Le matin même, le journal Libération l'avait présentée comme une «chanteuse québécoise supportable», ce qui se voulait une sorte de compliment. Mais on sait ici qu'elle est bien plus que ça, comme l'a souligné dans le magazine culturel Télérama la critique Valérie Lehoux, une référence en matière de chanson française.
Bien sûr, a-elle écrit, Ariane Moffatt est «loin des aboyeurs de types Garou ou Céline Dion (...) et des sussureuses insipides à la Coeur de pirate», mais elle est surtout «la seule à si bien marier le souci du texte à celui de la musicalité, du rythme, de la modernité, de l'urbanité, de la sincérité».
Pour Télérama, qui lui a consacré la couverture de son supplément Sortir, Ariane Moffatt apparaît donc comme la «symbiose parfaite entre une tradition venue de France et une vague plus pop, rock, voire trip-hop, très nord-américaine».
«Ariane Moffatt injecte à la chanson une sève nouvelle, vivifiante et rassurante», a conclu Valérie Lehoux.
On ne saurait mieux dire.
Michel Dolbec -La Presse Canadienne, Paris
Aucun commentaire:
Publier un commentaire