18 avril 2008

Discussion dans "Tous les sens" avec Ariane Moffatt


Chemisier assorti au rouge de la monture de sa lunette soleil qu’elle utilise comme passe dans ses cheveux courts, Ariane Moffatt mange un sandwich au café Esperanza, en plein cœur du quartier Mile-End.

Un quartier qu’elle aime et dans lequel elle a un appartement. Un quartier où elle a passé les derniers mois à enregistrer son nouveau CD, Tous les sens, et sur lequel on retrouve d’ailleurs une chanson au titre d’« Hiver Mile-End ».

« Il y a des gens en France qui me disaient: “Viens chez nous pour enregistrer ton nouvel album”, laisse savoir la chanteuse. Je les écoutais, mais je me disais: “Pourquoi j’irais là-bas quand j’ai tous les outils ici, dans ma cour?” Franchement, il était hors de question de faire mon disque ailleurs qu’ici, à Montréal. Et en plus, je savais que je pourrais enregistrer avec des super musiciens et un réalisateur que je connais bien. »


C’est à Jean-Philippe Goncalves, membre du groupe électropop Plaster, qu’Ariane a confié la réalisation de son troisième disque. Pour lui, comme pour elle, il s’agissait d’une grande première ; première réalisation dans le cas du jeune homme et première fois que la chanteuse déléguait des tâches musicales à quelqu’un d’autre qu’à elle-même, elle qui se dit une véritable « control freak assumée ».

« Faire ce disque fut pour moi une bonne leçon. J’ai appris à déléguer, à faire confiance au travail de « Jean-Phi ». Avant, je prenais tout sur mes épaules et c’était carrément “rushant”. Là, le travail est fait et je suis en parfait accord avec le résultat. Et en plus, en déléguant la réalisation, ça m’a permis d’avoir du temps pour faire du snowboard entre les prises d’enregistrement ! »


C’est ce qui s’appelle joindre l’utile à l’agréable.


Ariane et l’amour

Le troisième album d’Ariane Moffatt en est un de maturité. À l’écoute, on perçoit une chanteuse en plein contrôle de son art. Les ambiances sont soutenues, les textes sont clairs et sans détour, la musique est tantôt rythmée, tantôt balade. On y retrouve des chansons soutenues par un beat électropop et d’autres par un simple duo voix-piano. Un disque, comme l’indique son titre, qui tire dans tous les sens.

« Oui, je vais dans de nombreuses directions, mais on ne peut quand même pas affirmer que c’est n’importe quoi. Non, ce disque, c’est moi, c’est du Ariane Moffatt. J’aime toucher à tout et je le fais encore ici. »


S’il est difficile de circonscrire le style musical Moffatt, une constante textuelle demeure: les histoires d’amour. Et cette fois, les amours impossibles et tristes entendues sur Le cœur dans la tête, son précédent disque, ont laissé place à des histoires plus joyeuses et sensuelles. À preuve : « Je vais faire un puzzle avec ta peau, t’embrasser à t’en faire perdre tes mots, faire casser des vagues dans le creux de ton dos, faire avec toi le plus chaud des duos, je vais te toucher du bas vers le haut, te faire chavirer, grimper aux rideaux », chante-t-elle lascivement sur la chanson titre du disque.


« J’aime bien relier l’amour et la musique, explique-t-elle. Pour moi, ça va ensemble. Et s’il y a une place où on peut parler d’amour, c’est bien dans les chansons ! Je voulais aussi montrer un côté un peu moins dark de ma personnalité et de mes amours vécus. Les histoires que l’on retrouve sur mon disque, c’est un peu la preuve qu’il n’y a pas juste dans la douleur que l’on peut créer », dit-elle en souriant.

Et pourrait-elle envisager un jour de chanter ses histoires d’amour en anglais, elle qui est parfaite bilingue ? « C’est certain que j’aimerais vraiment ça ! Imagine; on pourrait faire le lancement de ce disque à New York ou Brooklyn ! Ça, ce serait génial. »

Avant l’éventuelle conquête de l’Amérique, Ariane Moffatt s’accordera tout de même un voyage en Afrique et en Asie au cours des prochaines semaines. Seule.


« J’en ai besoin, ça fait partie de moi. Je veux sortir de cette bulle artificielle qui entoure les artistes. Il faut voir autre chose, observer la réalité et la vraie vie. C’est important pour rester les deux pieds sur terre. Et c’est une belle façon de s’évader du quotidien. »


On ne reverra Ariane au Québec qu’en septembre, alors qu’elle préparera sa tournée québécoise… et sa rentrée parisienne, qu’elle prévoit pour le début de l’an 2009. « La France, c’est un beau challenge, laisse-t-elle entendre. Je vais aller m’installer là-bas pour six mois au début de l’an prochain… Mais ne vous inquiétez pas; je vais vous écrire! »


Philippe Beauchemin - Montréal Express

Aucun commentaire:

Publier un commentaire