19 avril 2008

Ariane Moffatt : les années lumière

Depuis qu’on l’a connue comme claviériste du chanteur Daniel Bélanger pour l’album Rêver mieux, Ariane Moffatt ne cesse de nous surprendre. Pour son troisième disque, intitulé Tous les sens, elle a poussé à fond sa créativité. En résulte un album aux sonorités diversifiées, qui démontre l’ampleur du talent de la jeune femme.

Ce disque, Ariane Moffatt l’a voulu plus lumineux dès le départ. «C’est un album où je me livre moins dans les sentiments som­bres, raconte-t-elle dans un café montréalais à son image, à la fois bohème et branché. Mes deux premiers albums étaient nourris de sentiments tourmentés, mais ma personnalité est aussi ensoleillée.»

Pour la dernière partie de l’enregistrement, en février, Ariane et son équipe ont réuni les conditions gagnantes pour travailler dans le plaisir. Ils se sont enfermés quelques semaines dans un chalet de Mont-Tremblant. L’horaire? Planche à neige le matin, musique l’après-midi et «grosses bouffes» le soir. Tout pour combler cette épicurienne.

«Sortir d’elle-même»

La vie personnelle de la chanteuse influence immanquablement son écriture. «Je pense que comme créateur, c’est interrelié parce que notre vie est notre nourriture, notre inspiration. Pour moi, du moins. Je ne suis pas comme une artiste activiste qui écrit sur une cause. Il y a un caractère autobiographique à ce que je fais», souligne cette native de Saint-Romuald.

La chanteuse a toutefois eu le désir de «sortir d’elle-même». Elle a fait appel au parolier français Franck Deweare, qui a signé les textes de 3 des 12 chansons du disque.

Franck Deweare et Ariane Moffatt se sont rencontrés il y a sept ans, à l’aéroport Paris–Charles-de-Gaulle, alors que le compositeur français, établi à Montréal, cherchait des musiciens avec qui travailler. Ariane l’avait mis en contact avec le groupe Plaster, dont deux membres ont d’ailleurs collaboré à l’album de la chanteuse, Jean-Phi Goncalves comme réalisateur, arrangeur, preneur de son et musicien, et Alex McMahon à titre d’arrangeur et de musicien. «J’aurais pu aller chercher des paroliers de renom, des gens déjà établis, mais ce n’est pas vraiment ma façon de fonctionner. J’aime mieux faire con­fiance à mes coups de cœur,
explique-t-elle. Chanter les mots de Franck m’emmène ailleurs. Je joue un personnage. Je trouve qu’il a une plume hallucinante.»

Se réinventer

Côté musical, Ariane a continué à expérimenter et a même osé ajouter des cordes et des cuivres à ses rythmes électro-pop. À chaque album, elle souhaite se réinventer. «Je ne ferais pas des albums tout le temps avec le même monde, les mêmes instruments et enregistrés de la même façon. Je vois ça comme un terrain de jeu. Si je fais de la musique, c’est pour me dépasser et aller dans des zones que j’ai moins exploitées ou explorées. Sinon, ça ne sert à rien.»

Jusqu’à maintenant, son public l’a suivie avec bonheur dans son défrichage musical. Il faut voir un spectacle d’Ariane Moffatt pour comprendre à quel point il existe une forte synergie entre elle et les spectateurs. «L’échange avec le public, ça n’a pas d’égal, admet-elle. L’échange avec ces gens que tu ne connais pas, mais que t’as l’impression de con­naître, c’est privilégié comme espace de vie, comme moment. C’est très énergisant.»

Avant de partir en tournée de spectacles cet automne pour partager son nouveau matériel, Ariane explorera tout l’été des con­trées lointaines, sac sur le dos. L’Afri­que ou l’Asie? Elle hésite encore. De retour au Québec, elle posera son sac aux Îles-de-la-Madeleine pour con­cocter son prochain spectacle. Pour­quoi les Îles? «Parce que c’est l’fun et que c’est le plus beau coin du Québec!» Épicurienne, disait-on?


Daphné Bédard - Le Soleil

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